Accordez une chance à la paix, M. Siniora
Elias Bejjani

Septembr 2/06

J’invite le premier ministre libanais Fouad Siniora, qui a du potentiel et de bonnes intentions, à abandonner une fois pour toutes l’attitude et la rhétorique arabes qui se sont avérées historiquement dévastatrices. Il ne fait aucun doute qu’une vie politique libanaise productive et crédible ne peut plus être dirigée par cette mentalité arabe dépourvue de position et ce style indécis, surtout à cette période cruciale pour la gouvernance du Liban. Le premier ministre doit mettre sa langue et son intellect au service  des intérêts, de la paix, de l’avenir, de la démocratie et de la prospérité du Liban. Il ne peut plus gaspiller temps, ressources et occasions à cajoler et à apaiser le Hezbollah, la Syrie et l’Iran et poursuivre de futiles compromis qui continuent de faire du Liban une proie facile pour le terrorisme et les terroristes.

Lors de sa dernière entrevue accordée au réseau anglais de Radio-Canada et une nouvelle fois mercredi dernier dans sa réponse spontanée à la déclaration du premier ministre israélien Ehud Olmert appelant à l’établissement de contacts directs entre le Liban et Israël, la position de M. Siniora fut ni chaude, ni froide. Elle fut tiède, évasive et  insaisissable. 

A propos du désarmement du Hezbollah abordé dans l’entrevue avec Radio-Canada, M. Siniora peinait à convaincre son public que l’armée libanaise allait confisquer toutes les armes illégales qu’elle trouverait dans les zones où elle se déploie. Jusqu’à présent, il a refusé d’employer le terme désarmement et n’a encore jamais dit que son gouvernement désarmerait le Hezbollah. Ne confisquer des armes que lorqu’on les rencontre revient tout simplement à traiter un cancer malin avec un pansement.

Quant aux relations et aux contacts avec Israël, M. Siniora devrait faire un sérieux tour d’horizon et mettre un terme à ses approches dénuées de réalisme. Il lui faut désensibiliser sa mentalité et son comportement des obsolètes mythes résiduels auxquels il a été conditionné alors qu’il était un pantin de la Syrie afin que lui et son pays puissent vivre en paix et accepter la réalité des relations et contacts israélo-arabes existants. Tous les pays moyen-orientaux et musulmans, y compris les pays soi-disant arabes, entretiennent soit des relations diplomatiques formelles avec Israël après la signature d’accords de paix mutuels (la Jordanie, l’Égypte et les Palestiniens), soit des contacts directs ouverts avec Israël (le Qatar, le Bahreïn, la Tunisie, le Maroc, la Libye, le Soudan et l’Irak), soit des relations et des contacts voilés avec l’État hébreu (la Syrie, l’Arabie Saoudite, le Koweït, le Yémen et les Émirats Arabes Unis).

Entre-temps, tous ces pays, y compris le Liban, ont déjà reconnu de droit d’exister de l’État d’Israël lorsque tous sans exception ont accepté les résolutions 242 (1967) et  332, 338 (1972) , Madrid Conference (1991)de l’Onu qui appelaient à l’échange de la terre contre la paix.

M. Siniora, qui se plaît à sans cesse étiqueter le Liban de pays arabe et adore encenser le nationalisme arabe devrait une fois pour toutes briser le mythe à l’effet que « le Liban sera le dernier État arabe à ratifier un accord de paix avec Israël ». En fait, le Liban n’est pas le seul État soi-disant arabe à retarder l’établissement de relations directes ou indirectes avec l’État juif, il est le seul dans le monde entier.

M. Siniora est un des nombreux dignes dirigeants libanais qui fièrement et ouvertement considèrent le président égyptien Hosni Moubarak, le roi jordanien Abdullah et le prince du Qatar comme des modèles hautement prestigieux de l’arabisme et de l’islamisme. Quelle ironie lorsqu’on sait que ces trois dirigeants arabes entretiennent des relations et des liens diplomatiques avec Israël.

Nous invitons M. Siniora et le reste de la classe dirigeante du Liban, tant dans le milieu politique que religieux, à commencer sans hésitation, honte ou procrastination à accepter la réalité comme l’ont fait d’autres pays arabes frères de la région. Enterrons le terme ennemi 12 pieds sous terre et remportons une paix éternelle au Moyen-Orient.

Information d’arrière-plan
Le mercredi 30 août, le premier ministre libanais Fouad Siniora s’est refusé à établir tout contact direct avec Israël dans une réponse spontanée et hâtive à la déclaration du premier ministre israélien Ehud Olmert qui appelait à l’établissement de contacts directs avec le gouvernement du Liban. Siniora a déclaré officiellement que le Liban serait le dernier pays arabe à signer un accord de paix avec l’État juif. « Que cela soit clair, nous ne chercherons aucun accord tant qu’il n’y aura pas une paix juste et globale fondée sur l’initiative arabe », a affirmé Fouad Siniora. Il faisait référence au plan issu du sommet de la Ligue arabe de 2002 à Beyrouth. Ce plan demande à Israël de rendre tous les territoires qu’il a conquis dans la guerre de 1967, l’établissement d’un État palestinien avec Jérusalem pour capitale et une solution à la question des réfugiés palestiniens en retour de la paix et de la normalisation complète des relations arabes avec Israël. Israël a longtemps cherché un accorde de paix avec le Liban, mais Beyrouth hésite tant que le conflit entre Israël, les Palestiniens et la Syrie n’est pas résolu. Siniora  a affirmé que le Liban souhaite revenir à l’armistice de 1949 qui a officiellement mis un terme à la guerre israélo-arabe déclenchée par la fondation d’Israël.  

Elias Bejjani, Président du Conseil de coordination canado-libanais (CCCL)
Le CCCL est une organisation parapluie fédérale regroupant les groupes municipaux, provinciaux et fédéraux à but non lucratif et enregistrés au fédéral: Canadian Lebanese Human Rights Federation, (CLHRF), Canadian Lebanese Free Patriotic Movement (FPM-Canada), Phoenician Club of Mississauga (PCOM),/Canadian Phoenician Community Services Club (CPCSC),Canadian Lebanese Christian Heritage Club (CLCHC),World Lebanese Cultural Union (WLCU)-Canadian Chapter.